- 30 ventôse an II
- Acte de naissance de Jean La Jacynte
En fait, Jean Siaud est né en 1794. Le 30 ventôse an II (20 mars 1794) « est comparue dans la maison commune » Marguerite Garat, 61 ans, « sage-femme des Roches ». Elle est « assistée de Jean Siaud, patron (sur le Rhône) », 26 ans, de Reine Tranchand, 38 ans. Marguerite Garat déclare qu’Anne Tranchand, 27 ans, « épouse en légitime mariage à Guillaume Siaud, patron (sur le Rhône) », 29 ans, « était accouchée hier d’un enfant mâle…auquel on a donné le prénom de Jean la Jacynte ».
La naissance est enregistrée par Nicolas Guillot, « adjoint des Roches & Clair du Rhône ». Le « Saint » de « Saint Clair » a disparu : nous sommes en pleine Terreur. Tout ce qui évoque le christianisme est très mal vu. Précisons aussi que Nicolas Guillot est l’ancien curé des Roches !
On pourrait croire que ses parents sont de fervents révolutionnaires et suivent à la lettre les prescriptions du nouveau « calendrier républicain ». A moins que ce ne soit plutôt l’adjoint qui applique, un peu hâtivement, les instructions venues du district de Vienne.
Qu’on en juge : le prénom donné à ce nouveau-né n’est pas un cas isolé. La saison des prénoms « fleuris » débute le 13 ventôse an II (3 mars 1794) avec l’enregistrement de la naissance du petit « Etienne La Violette Jury » puis celle de « Jean Jacynte Siaud » le 30 ventôse.
Le même jour est déclaré « Humbert La Violette Bonnet ». Le 6 germinal c’est « Jean La Tulipe Pitiot » puis le 9 « Antoinette La Tulipe Martoux ». Le 15 c’est le tour de « Pancrace La Jacynte Champin » puis le 21 c’est celui de « Marthe La Tulipe Baudrier ».
Encore une tulipe le 29 germinal avec la naissance de « Marthe La Tulipe Jamet ». Le 10 floréal est déclarée une petite « Catherine La Rose Férréol » et le même jour « Jean Romarin Boudin », l’enfant du futur maire de Saint Clair !
Un bouquet de roses : « Marguerite La Rose Celard » le 27 floréal, « Marie Rose Revon » le 30 floréal, « Jean La Rose Siaud » le 1er prairial, « Anne La Rose Revon » le 3 messidor.
De nouveau un peu de violette : « Jean La Violette Marsse » le 1er prairial. Et le 10 messidor « Marc L’Euillet Brondel », à lire, bien sûr, phonétiquement !
La série s’arrête « ce jour d’huit vinte neuf maisidor » (le 29 messidor an II = 17 juillet 1794) lorsque Jean Pierre Brondelle prend la charge de rédiger l’état-civil. Les nouveau-nés n’ont plus alors qu’un seul prénom.
Il est vrai qu’il maitrise beaucoup moins l’orthographe que son prédécesseur : « quinze termidor lan deux de la république française, un, indivisible, et de mocratique ». Page suivante, il écrit même « des mot cratique » !
Mais ne l’accablons pas : son effort pour écrire est méritoire et son dévouement à la commune est bien réel.