Pour commencer cette rétrospective des 10 ans du magazine-web, je voudrais rendre hommage à trois auteurs et un lecteur qui nous ont quittés dernièrement.
Tout d’abord, Jean Monange, Jeannot pour ses amis. Jean Monange était mon ami, l’un des premiers rédacteurs de ce magazine-web. Nous avions en commun trois passions : une même conception de la généalogie, le jazz et Georges Brassens… Il est désormais bien entouré au Ciel des musiciens. Jean était quelqu’un de passionné et de passionnant à lire…
C’est en 2001 que j’ai fait la connaissance de Jean. Il venait de rédiger l’histoire de sa famille : La Saga des Monange, un bel exemple d’auto-édition.
Il m’avait alors proposé un article sur la valeur des choses dans le temps. À partir de l’étude de plusieurs testaments (un marquis, un notaire et un journalier), Jean Monange présentait les monnaies françaises puis il donnait quelques éléments sur les niveaux de vie sous l’Ancien Régime. Un article qui, fort de son succès, a fait le tour du web et des sites.
Ce texte sera suivi par une remarquable série sur les migrants auvergnats (Réflexions sur les migrations des ouvriers et artisans originaires du Massif Central).
- La cordonnerie Dody de Quingey en 1904
Mais le texte phare de Jean, celui qui lui vaudra de nombreux messages, et parfois des polémiques, c’est son courageux texte sur son oncle, proxénète à Pigalle, puis gestapiste à la « Carlingue : Un du 93 rue Lauriston. Une bien triste histoire qui a fait l’objet d’une adaptation cinématographique avec Michel Blanc.
Jean Monange est décédé en 2008.
Un jour, par le courrier postal, j’ai reçu un tout petit livre, petit format, quelques pages seulement. Mais quelles pages ! L’auteur Paul Sève venait de rédiger un émouvant témoignage sur les circonstances de l’arrestation de son frère, Louis Sève, âgé de 21 ans, et son exécution par les Allemands le 18 juin 1944. Un livre poignant ! Son titre, L’élan brisé.
Paul Sève était un descendant de Joseph Sève, un enfant de Lyon, canonnier de la marine et hussard de l’Empire devenu le généralissime de l’armée égyptienne, plus connu sous le nom de Soliman Pacha.
Paul Sève est décédé en 2003.
Pierre Chartrand était un auteur québécois exigeant qui n’hésitait pas à me faire part de ses remarques, bonnes ou mauvaises, sur les textes en attente de publication. Et je dois reconnaître que ses jugements étaient pertinents.
Depuis quelques mois, je n’avais plus aucune nouvelle de Pierre, ce qui arrivait parfois, sans pour autant susciter de l’inquiétude. Puis, un jour, cet été, au hasard d’un message, j’ai appris la terrible nouvelle. Pierre venait de nous quitter subitement.
Pour le magazine-web, il était l’auteur de plusieurs articles, dont l’un, remarqué, sur son ancêtre raucheur inexpérimenté.
16 juin 1973 :
Cimetière catholique de Dawson City.Le fils cadet de Marcellin, Valérien, né en 1897, accompagné de son fils Jean-Guy vient de retrouver la stèle funéraire de son père. Hasard incroyable...
Marcellin était décédé le 16 juin 1902 !!!!
Il y a quelques années, Pierre avait publié, en collaboration avec un auteur français, Bernard Pharisien, un ouvrage sur Victor Charigot. Deux passionnés d’histoire et de généalogie vivant de chaque côté de l’Atlantique et qui ne se sont jamais rencontrés livraient ici un itinéraire aussi original que mouvementé d’un Champenois : Victor Charigot, un obscur pionnier… mais dont le gendre (Pierre Auguste) et le petit-fils (Jean) jouissent d’une notoriété internationale qui ajoute sans doute une légère pointe de piment au récit.
Pierre Chartrand est décédé en 2009.
Enfin, pour clore cet hommage, je voudrais simplement vous livrer le message ci-dessous, reçu il y a quelques mois, de la part de Monique Gripon Mansour. Il y est question du décès d’un lecteur du magazine-web. Je ne le connaissais pas et je n’avais jamais correspondu avec lui. Je suis resté sans voix à la lecture de ce message.
Votre site fait la joie de nombreux lecteurs et grâce à vous, il arrive que des liens d’amitié se nouent. L’an dernier à la même époque vous avez présenté « Son Impertinence ». J’ai eu la surprise de recevoir un mail de monsieur René Lévêque, Américain d’origine Française résidant en Alabama. Monsieur Lévêque était un assidu de votre gazette et grâce à vous, son ancienne patrie lui paraissait plus proche. Monsieur Lévêque m’a envoyé 100 dollars pour un seul exemplaire ! Il m’a beaucoup encouragée. Pendant 6 mois, nous avons échangé des mails. Nous parlions histoire, littérature. Nous échangions des photos. Monsieur Lévêque avait 87 ans. En 1940, il était allé aux États-Unis pour apprendre à piloter des avions. Les E-U prenaient des jeunes Français pour les former comme personnel navigant. Il y est resté ayant choisi d’épouser une Américaine. Devenu veuf et assez isolé dans sa petite ville d’Alabama, son plus grand plaisir était de voir votre site chaque semaine pour y retrouver ses racines. Un mail reçu en décembre 2009, m’a appris qu’il était décédé d’un accident de voiture. Je voulais vous en parler car Monsieur Lévêque était un de vos fervents admirateurs. (...) Excusez-moi de terminer sur une note un peu triste. Encore merci pour tous ces liens que vous tissez y compris entre ces Français et leur patrie d’origine. Monique Gripon Mansour.