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De la Nouvelle-Calédonie à la Nouvelle-Zélande, troisième partie de la croisière du Rigault de Genouilly dans le Pacifique en 1937

Le vendredi 7 janvier 2022, par † Michel Carcenac

Après son passage en Australie le Rigault de Genouilly, commandant Léon Moron, se dirige vers la Nouvelle-Calédonie française, puis vers le condominium franco-britannique des Nouvelles Hébrides avant de se diriger vers la Nouvelle Zélande pour une escale technique après cette déjà longue croisière dans le Pacifique.

Nouvelle Calédonie du 22 Janvier au 5 Avril 1937

Ports et rades :

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Source : Wikipédia Commons.

L’enseigne de vaisseau de 1° classe Claude Viellard dans le livre de bord de l’hydravion signale 8 h 55 mn de vol au mois de Février, dont deux fois le trajet Tanle-Paagoumene-Tanle pour courrier et des recherches de récifs.


Le Rigault de Genouilly a passé deux mois et 13 jours de l’année 1937 dans l’archipel de Nouvelle Calédonie. Contrairement à ses escales précédentes en Australie où même les robes des invitées à bord étaient décrites dans la presse, il m’a été impossible de trouver le moindre détail sur internet concernant son passage en Nouvelle Calédonie. Peut-être les journaux ne sont-ils pas encore numérisés ? Comme je ne souhaite pas me livrer à des hypothèses sur le but de telle ou telle escale, j’en appelle à mes lecteurs pour m’envoyer toute documentation.



Nouvelles-Hébrides

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Route du Rigault de Genouilly aller (rouge)- retour (bleu) de Nouméa à Nouméa en passant par les îles Loyauté et les Nouvelles Hébrides. Carte A. Meunier 1917. Ministère des colonies.

Les Nouvelles Hébrides étaient une colonie franco-britannique sous forme de condominium de 1907 à l’indépendance en 1980. C’est l’un des deux condominiums coloniaux du XX° siècle avec le Soudan anglo-égyptien. Ce régime original est dû à l’impossibilité pour l’un et l’autre des deux pays d’abandonner l’archipel. A l’indépendance, le nouvel état prit le nom de Vanuatu.

Avec l’accession au trône du francophile Edouard VII, le Royaume-Uni se lance dans une politique de rapprochement avec la France, pour répondre à la montée en puissance de l’Allemagne, ce qui aboutit à l’Entente Cordiale en 1904. Régler les problèmes coloniaux entre les deux puissances constituait l’une des priorités pour les nouveaux alliés.

Les Britanniques proposèrent à la France de faire de la colonie un condominium entre les deux États, et les Britanniques demandèrent à la France de conserver les 5 comptoirs de l’Inde. La proposition fut saluée avec enthousiasme par la majorité des parlementaires des deux pays.

En 14/18, il n’y eut aucun envoi de volontaires indigènes car la question de sa dévolution a constitué un problème de droit international : l’archipel était démilitarisé, deux systèmes légaux cohabitent dans un cadre pacifiste entre les deux nations britannique et française.
De juin 1940 à octobre 1945 l’archipel passe directement sous administration britannique, tout en maintenant fictifs et symboliques les droits français sur le condominium. Des soldats américains occupent également l’archipel de 1942 à 1947, afin d’éviter une invasion japonaise.

D’après Wikipédia.

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Livre des Ports et rades du 6 au 16 avril 1937.

Ile Tana, du 6 au 7 avril 1937 :

« Le nom actuel de Tanna a une origine assez curieuse et date du voyage de Cook. Lorsqu’en 1774, le célèbre navigateur débarqua sur la plage de Waisisi, il demanda aux indigènes rassemblés le long du littoral le nom de leur île. Ignorant naturellement la langue parlée par ces Canaques, Cook s’exprimait par gestes et montrait obstinément le sol du doigt. Les indigènes finirent par lui répondre « Tanna », ce qui dans leur langue signifiait simplement « terre » ou « sol », nom que Cook prit pour celui de l’île et qu’il conserva.
La principale curiosité de l’île Tanna est sans contredit son volcan en activité continuelle, qui se dresse dans la partie est de l’île. Il sert avantageusement de phare à l’île, qui sans cela en serait totalement démunie comme toutes les autres terres de l’archipel. »
E. Aubert de la Rüe, Sciences & Voyages — N°814 à 819, avril-mai 1935.

Sources : Gloubik Sciences

« Droit devant nous l’île Tanna sur laquelle on ne pouvait se méprendre car la fumée de son volcan s’élevait très haut dans le ciel » in « La croisière du Snark » de Jack London.

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Erromango Baie Dillon, le 7 Avril 1937

Peter Dillon est né à la Martinique d’un père irlandais. Les Dillon étaient des nobles de Normandie ; ils quittèrent la France après la bataille d’Hastings en 1066. Ils s’établirent en Irlande et certains membres de la famille eurent des destins glorieux. Le nom n’est ni britannique, ni irlandais, mais bien français. A la Martinique, les distilleries Dillon fonctionnent toujours. Un Dillon fut évêque de Narbonne. Et Madame de La Tour du Pin était une Dillon.

Peter se lança dans le commerce maritime et quand nous le rencontrons il assiste un commandant de bord en tant qu’officier. Ils vont dans une île des Nouvelles Hébrides charger du bois de santal qu’ils ont commandé aux indigènes ; ensuite ils iront le livrer en Chine. Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Lire son extraordinaire relation.

Sources : Wikisource

Le capitaine de vaisseau DUMONT D’URVILLE avait reçu l’ordre du roi d’aller dans le Sud du Pacifique diriger une croisière scientifique analogue à celle de Lapérouse et rechercher les traces du grand navigateur.

D’Urville était arrivé en Tasmanie et il a remonté le fleuve pour rejoindre le mouillage de Hobart-Town. L’Astrolabe était le premier bâtiment français à aborder depuis la fondation de la ville et cela fut salué par 21 coups de canon de part et d’autre. D’Urville confia à un pilote du port que sa mission était de faire des découvertes et des explorations dans la mer du Sud. Le pilote lui appris qu’un capitaine anglais qui était passé à Hobart-Town six mois avant affirmait avoir trouvé les restes des vaisseaux de Lapérouse. M. Kelly, le maître du port, lui appris de façon plus détaillée que M. Dillon, ce capitaine d’un petit bâtiment du commerce, avait trouvé à l’île de Tikopia de bons renseignements sur le naufrage de Lapérouse dans une île nommée Vanikoro. Dillon avait rapporté une poignée d’épée et M. Kelly qui connaissait Dillon avait une pleine confiance en sa déposition. A part M. Kelly ; personne n’ajoutait foi à cette histoire, même pas les officiers de l’Astrolabe. Toutes les personnalités de Hobart se moquaient de Dillon, un aventurier, un fou, et sa prétendue découverte n’était qu’une fable. M. Kelly apporta le journal dans lequel Dillon relatait sa découverte et d’Urville, de par la précision dans les détails, la jugea crédible. Dillon n’avait pas donné la position exacte de Vanikoro mais il avait confié que c’était à deux journées de pirogue de Tikopia, sous le vent. Comme cette île se trouvait également sur la route de Lapérouse, il devait pouvoir la découvrir.

Plus tard, après avoir découvert le lieu du naufrage grâce à Dillon, Dumont d’Urville donna son nom à une belle baie sur l’île d’Erromango.

Le Rigault de Genouilly relâche dans la baie Dillon le 7 avril 1937 et en repart le jour même. Le temps que l’équipage rende les honneurs à celui qui a découvert le lieu du naufrage de Lapérouse. Charles X a nommé Peter Dillon chevalier de la Légion d’honneur, et lui a donné une récompense de 10 000 francs, plus une pension à vie de 4 000 francs annuels. Il le nomme même consul de France en Australie.

Efate, Port Vila, le 8 avril 1937 Départ le 10 avril 1937

PORT-VILA est la capitale des Nouvelles Hébrides (Vanuatu). Elle se trouve sur l’île d’Efaté et la plupart des habitants de l’île vivent à Port-Vila. Moron a eu le temps de visiter Port-Vila, une ville cosmopolite, avec les enseignes des commerces dans différentes langues. Sur le quai les maisons se touchent. Elles sont belles avec une allure moyenâgeuse. Le port se prolonge par un fleuve dans lequel les bateaux peuvent s’abriter. Sur l’île d’Efaté on contemple des paysages magnifiques, des eaux limpides et chaudes, mais il y a des volcans, toutes les îles sont d’origine volcanique. Si l’on désire prendre sa retraite au Vanuatu, il faut savoir que Port-Vila a été rasé par un cyclone, que le volcan peut se réveiller et que l’on est à la merci d’un tsunami. Le Vanuatu est considéré comme le pays le plus exposé aux risques naturels au monde.

Léon Moron connaissait de nombreuses îles paradisiaques, il a préféré se retirer en Périgord.

Port Sandwich île Manicollo (ou Malekula). Arrivée le 10 avril 1937, départ le 11 avril.
James Cook a choisi le nom de Sandwich, pour honorer un noble britannique de ses amis.

Canal du Segond. SANTO
Arrivée le 11 avril 1937, départ le 13 avril.
Le canal du Segond dans l’île Santo, est un bras de mer entre deux îles, il permet d’accéder par bateau à Luganville, deuxième ville du Vanuatu, après Port-Vila la capitale.

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Carnet de vol de Claude Viellard

Voici la traduction d’un article de PACIFIC ISLANDS Monthly June 23, 1937 :
L’hydravion du bateau militaire français Rigault de Genouilly fut largement utilisé lors d’une visite officielle aux Nouvelles Hébrides en Avril. Le pilote a survolé la plupart des îles et a fait quelques importantes observations.A Santo, en particulier, le pilote de l’aéronavale a survolé l’intérieur et noté que l’estimation des hauteurs des pics principaux était probablement sous-évaluée de 200 mètres. Il a aussi signalé que la plaine du Jourdain sur Santo était une région intéressante avec un lac en son centre, peut-être propice à la colonisation.

Auckland Nouvelle-Zélande

Arrivée à Auckland le 26 avril 1937. Départ le 7 mai 1937.

Le Rigault de Genouilly fit une escale de 4 jours à Nouméa après sa visite des Nouvelles-Hébrides, puis s’est rendu à Auckland où il est resté 12 jours pour passer une visite de contrôle et subir les travaux nécessaires. Les installations d’entretien à Nouméa sont limitées et les bâtiments français vont subir les grands carénages en Nouvelle-Zélande ou en Australie à l’arsenal de Sydney.

Le Brazza était venu l’année précédente bénéficier des installations d’entretien d’Auckland. Ceci renforçait les liens d’amitié avec la France et faisait travailler le chantier naval.

Voici la traduction d’un article de THE PRESS du 26 Avril 1937 :

Se distinguant des navires de la marine impériale britannique présents en Nouvelle-Zélande par sa peinture blanche, son apparence de yacht et un hydravion suspendu au milieu du navire, l’aviso français Rigault de Genouilly est arrivé à Auckland pour sa première visite en Nouvelle-Zélande. Il arrondit la jetée Nord à 9 h, salua de 21 coups de canon auxquels répondit la batterie côtière et vint s’accoster au quai ouest à 9 h 30.

L’aviso commandé par le capitaine Léon Moron, effectue une croisière dans le Pacifique depuis son départ de sa base de Saïgon, Indochine française.

Le Rigault de Genouilly a été lancé à Bordeaux en 1932 et il fit les essais définitifs lors d’une croisière le long des côtes de l’Amérique du Sud, avant d’être envoyé à Shanghai rejoindre les forces navales françaises d’Extrême Orient en Indochine. Il y est resté les deux dernières années et demie. En Novembre il partit pour sa croisière dans l’océan Pacifique. Après avoir parcouru les Indes Orientales hollandaises, il vint en Australie pour une visite de courtoisie à l’occasion de la célébration du centenaire de l’Australie- du-Sud. Ensuite il poursuivit jusqu’en en Nouvelle-Calédonie d’où il est parti pour Auckland.

Spécialement conçu pour être utilisé sous les tropiques, le Rigault de Genouilly a des dispositions spéciales pour faire circuler l’air frais. Les ponts ouverts sont aussi plus grands que sur les navires de Nouvelle-Zélande.

Le Rigault de Genouilly est un des sept avisos coloniaux de la Marine française, il est du même type que le Savorgnan de Brazza qui est venu à Auckland l’année dernière. Quelques matelots du Rigault de Genouilly faisaient partie de l’équipage du Savorgnan de Brazza lors de sa visite à Auckland.

Le commandant, Capitaine Moron, a servi aux côtés des navires britanniques pendant une partie de la Grande Guerre, étant basé à Gibraltar. Plus tard il rejoint la base navale française de Beyrouth, la capitale du mandat français du grand Liban. Il a servi en tant que chef de l’administration de l’amiral commandant la base. Il a commandé le Rigault de Genouilly depuis un an et demi. La plus grande partie de la journée suivant l’arrivée du navire a été occupée par des réceptions officielles. Le navire ira au dock Calliope demain pour une courte révision et retournera au quai ouest vendredi. Il doit quitter Auckland pour Nukualofa le 7 Mai, puis ira à Tahiti en s’arrêtant dans les îles intermédiaires.

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Photo conservée par Moron avec les indications suivantes au verso : « Déjeuner offert par le Consul de France M. Joubert au Grand Hôtel d’Auckland le 5 mai 1937. »

Le 5 mai 1937 Moron est invité par le consul de France M. Joubert à un déjeuner au Grand Hôtel d’Auckland. Le consul de France avait invité des représentants de la société civile et militaire, du beau monde pour marquer le passage du Rigault de Genouilly.

Moron est facilement reconnaissable, c’est le plus petit au premier plan avec deux galons. A sa droite un officier qui n’a pas l’uniforme français et qui se distingue par ses quatre galons.
Sauf erreur, je ne vois pas d’officier français à part Moron. Les gens présents sont des dignitaires et le voisin de Moron est peut-être le commandant en chef de la marine de la Nouvelle-Zélande. Moron était l’ambassadeur de la France et il était reçu avec tous les égards.

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Le Pacific Islands Monthly, imprimé en Australie est très largement distribué dans le Pacifique, de la Papouasie jusqu’à Tahiti et Hawaï en passant par la Nouvelle Calédonie, les Samoa et beaucoup d’autres.

Voici la traduction d’un article du Pacific Islands Monthly 23 juin 1937 page 48

France Souviens-toi de tes Héroïques Marins :

Le navire français Rigault de Genouilly a quitté Auckland de bonne heure ce 7 mai pour Mauna Island, Samoa où des officiers et des hommes de l’expédition de Lapérouse furent massacrés en 1787. Le maire d’Auckland vint sur le navire avec une stèle en pierre aux bords arrondis et un sac de ciment pour les tombes.

Tout en le remerciant pour ce don, le commandant français s’exprima ainsi : « Nous sommes fiers d’apprendre que nos amis qui ont inclus dans leur Histoire le plus grand navigateur de l’Histoire, le capitaine Cook, souhaitent s’associer avec nous pour conserver nos mémoires. »

Mauna s’appelle maintenant Tutuila et c’est la capitale des Îles Samoa-Américaines. Le capitaine De Langle, commandant l’Astrolabe et onze marins y furent massacrés le 8 décembre 1787. En 1883, une stèle fut placée sur les tombes avec l’inscription :

Morts pour la Science et pour la Patrie

La reine Salote des Tonga vers lesquelles va maintenant se diriger le Rigault considérait la Nouvelle Zélande comme sa seconde patrie. Elle y fit cinq ans d’étude avant le rappel impératif par son père qui lui avait trouvé un mari issu d’une grande famille et digne d’elle.
Avec ce mariage accepté par tous les chefs, Salote pouvait accéder à la royauté.

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La reine Salote Tupou III portant une jupe en tapa, l’éventail traditionnel des Tonga et posant devant un tapa décoré des insignes de la royauté.

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